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Freinet et le lien avec l'IEF : les syndicats de profs en pleine prise de conscience des évolutions.

En témoigne cet article.

ENTRETIEN AVEC Laurent Lescouarch : « Freinet : un discours théorique et un mouvement pédagogique »

10 octobre 2016 site du SNUipp-FSU - Droit de réponse d'Elsass Léonie le 17 12 16

Laurent Lescouarch est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Rouen. Spécialiste de l’éducation nouvelle, il est membre du laboratoire CIVIIC (Centre interdisciplinaire de recherches sur les valeurs, les idées, les identités et les compétences).

Pourquoi célébrer Célestin Freinet 50 ans après sa mort ?

Freinet a réussi à la fois à élaborer un discours théorique à partir de ses propres pratiques et à structurer un mouvement avec l’Institut coopératif de l’école moderne (ICEM). C’est aussi un des rares pédagogues qui a construit un modèle pédagogique global, à la fois très théorisé avec des notions comme le tâtonnement expérimental, la coopération, les recours-barrière… et extrêmement pragmatique avec des techniques qui fonctionnent. Le modèle de Freinet est suffisamment adaptable pour évoluer avec le temps ce qui le rend toujours actuel. Aujourd’hui, dans les classes Freinet, il n’y a plus d’imprimerie, mais la logique globale permet d’intégrer les nouvelles technologies et Internet.

Ces techniques vont de pair avec nos pratiques ief dans bon nombre de familles : utilisation des NTIC, tatonnement expérimental, labo de recherche grandeur nature, coopération...

Quel héritage pour l’école d’aujourd’hui ?

Il y a des outils, qu’on retrouve dans beaucoup de classes, surtout en élémentaire. Je pense au « quoi de neuf ? », à la correspondance, à la vie coopérative. Ces pratiques sont mises en oeuvre par des collègues qui ne savent pas toujours qu’elles sont inspirées par Freinet à la différence d’autres qui, avec l’appui de l’ICEM sont dans le modèle Freinet intégral, ce qui suppose une rupture avec la forme scolaire traditionnelle. Depuis la loi de 1989, les discours pédagogiques officiels, qui aujourd’hui reprennent les notions de compétence ou de bienveillance éducative, sont influencés par Freinet et l’éducation nouvelle. Avec le risque quand on utilise leurs techniques sans en avoir l’esprit global de les faire fonctionner à contre-sens.

Y a-t-il eu d’autres mouvements pédagogiques équivalents ?

Les associations regroupées dans le CAPE * notamment la Ligue de l’enseignement, les CEMEA, les Francas, travaillent dans les marges de l’école mais les liens tissés depuis longtemps avec les collègues ont influencé les pratiques. La pédagogie de projet par exemple est issue de ces mouvements. Aujourd’hui il y un phénomène de mode autour de Montessori. Avec le paradoxe d’un développement plus important dans le privé contrairement aux autres approches. On redécouvre 100 ans après des pratiques comme si elles étaient nouvelles mais entretemps les prescriptions ont changé. La loi de 2013 est plutôt progressiste et change la place de l’enfant à l’école. De ce fait, ces pédagogies constituent des modèles d’identification. Avec des malentendus : la méthode Montessori suppose un cadre particulier et son modèle d’encadrement ne relève pas de l’enseignement mais plus du monitorat et de l’accompagnement.

Pourquoi un attrait renouvelé pour ces méthodes ?

On peut faire l’hypothèse que le rapport de la parentalité à l’instruction scolaire a changé ces trente dernières années. On pourrait aussi citer le développement de l’école à la maison. Une partie des familles, les plus aisées (NDLR blog : avec des préjugés !), en viennent à considérer que les choix pédagogiques concernant le scolaire relèvent de choix parentaux, ceci à l’opposé de la longue histoire de l’instruction publique (1 siècle, contre 10 pour le préceptorat). Cette demande sociale nouvelle pour des pédagogies différentes vient interroger une école, qui a certes changé, mais garde des traits assez permanents sur la discipline ou les formes d’enseignement. D’un autre côté, les mouvements pédagogiques sont attaqués par les nostalgiques d’une école traditionnelle... C’est un débat social récurrent dans l’éducation entre un projet de centration sur l’instruction et une volonté d’éducation globale impliquant le changement pédagogique. Dans ce contexte, les mouvements pédagogiques doivent faire leur inventaire. Ils ont pour certains une image romantique et libertaire qui peut amener les collègues à mettre en place des pratiques parfois peu efficaces pour les apprentissages car trop implicites sur les objets d’apprentissage. C’est une question essentielle pour les pédagogies de projet. Il ne faut pas se contenter de vivre de l’activité, mais aussi construire des dispositifs qui permettent d’accéder à des connaissances. Pour moi, les mouvements pédagogiques proposent des formes pédagogiques plus adaptées aux enfants, plus respectueuses de leurs besoins, plus émancipatrices mais ces formes doivent permettre d’expliciter et de structurer les savoirs, particulièrement auprès des enfants des familles populaires. (il veut nous faire croire que l'école, c'est charitable ! bonjour l'endormissement :C) En réalité, ces méthodes pour fonctionner doivent être très élaborées et nécessitent une formation spécifique pour les mettre en oeuvre que l’on rencontre peu aujourd’hui dans les cursus de formation de l’éducation nationale. C’est une condition de leur développement dans l’école publique. (souligne que les écoles sont peu formées, peut difficilement expliquer comment l'ief met en place des choses sans formation...à mon sens, ne peut même pas l'imaginer...on reste dans un discours formaté)